Saturday, January 6, 2018

Le jour où la première messe solennelle a été célébrée sur le continent américain



 

ISABELLE COUSTURIÉ 

06 janvier 2018



Le 6 janvier 1494, jour de l'Épiphanie, frère Bernard Boyl, nommé vicaire apostolique du Nouveau Monde par le pape, débarquait avec Christophe Colomb sur l’ile des Caraïbes…


En 1492, le roi Ferdinand le Catholique charge un certain Bernard Boyl, son secrétaire, d’une mission délicate : faire partie de l’expédition des douze missionnaires que celui-ci a décidé d’envoyer aux côtés de Christophe Colomb à l’occasion de son deuxième voyage dans le Nouveau Monde. Investi par le pape Alexandre VI du titre de premier vicaire apostolique, c’est ce catalan, supérieur de tous les ermites et confesseurs des pèlerins de l’abbaye de Montserrat, en Espagne, qui célébrera la toute première messe solennelle sur le continent américain.

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Cela se passe, le jour de l’Épiphanie, à La Isabela. C’est là, quatre jours auparavant que le navigateur a décidé de fonder une deuxième colonie sur l’île des Caraïbes, l’actuelle République dominicaine. Cet établissement, destiné à favoriser la conquête par Christophe Colomb et de ses hommes va vite péricliter. Le site a été localisé près de la ville dominicaine de Puerto Plata où l’on trouve des vestiges de la première colonie européenne des Amériques. Une église moderne fut inaugurée en 1994, à l’occasion du 500e anniversaire de cette première messe.

Bernardo Boyl fut très attentif et critique face aux actions de conquête menées par Christophe Colomb. Et il eut avec lui plusieurs disputes sur la manière de traiter les indigènes. À tel point qu’en décembre 1494, le religieux décide de retourner en Espagne et demande au roi de ne plus l’envoyer dans le Nouveau Monde. Élu supérieur de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa, qui dépendait de Montserrat, il regagnera définitivement l’Ordre bénédictin et le dirigera de 1498 jusqu’à sa mort, en 1520.

Arrivée des premiers missionnaires

Entre temps, en Amérique, l’arrivée des missionnaires se multiplie. Ils arrivent de plus en plus nombreux, posant les jalons de la diffusion de l’annonce évangélique sur son sol : les franciscains en 1502, puis les dominicains en 1510, les mercédaires (Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci) en 1519, les augustins en 1533, et enfin les jésuites en 1568, soit 31 ans après leur fondation pour former des prêtres de haut niveau destinés à l’enseignement et aux missions d’évangélisation.

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Chaque ordre, peu à peu, se dote de provinces et règles. Ces premières missions espagnoles réussissent à imposer le catholicisme dans les territoires contrôlés par leur pays, faisant ériger des églises qui, comme les villes, sont des répliques de l’architecture espagnole. Par contre leur tentative de constituer un clergé indigène échoue et les séminaires créés sur place pour constituer le clergé local se remplissent d’espagnols des colonies.

La Vierge Marie trouve sa place

Moins de quarante ans après l’arrivée des Espagnols, la Vierge Marie trouve sa place dans la symbolique indigène, apparaissant à un indien aztèque en 1531, sous les traits d’une femme métissée, et lui livrant son message dans sa langue et non en espagnol : Notre-Dame de Guadalupe dont la dévotion constitue le cœur de la spiritualité latino-américaine. Son apparition a lieu le 9 décembre 1531, sur la colline de Tepeyac au nord de Mexico, quelques années après l’arrivée des missionnaires au Mexique pour évangéliser les millions d’autochtones du vieil empire aztèque.




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