Sunday, May 10, 2020

Coronavirus : les Français sont les plus sévères d'Europe envers leurs dirigeants



Ils estiment à 66% que l'exécutif n'a «pas été à la hauteur» dans la gestion de la crise, selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo.

Mis à jour il y a 15 min

Seuls 34% des Français ont une opinion favorable de l'action de l'exécutif. AFP


C'est un désaveu cinglant adressé à l'exécutif. Alors qu'une majorité d'Européens estime que leur gouvernement a été «à la hauteur» de la situation durant la crise du Covid-19, les deux tiers des Français (66%) pensent l'inverse. Seuls 34% d'entre eux ont une opinion favorable de l'action de l'exécutif, selon une étude menée les 5 et 6 mai auprès d'un millier de Français, et du 30 avril au 4 mai auprès de 3005 Européens par Odoxa pour Le Figaro et France Info.

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C'est pire que les Britanniques, qui au contraire plébiscitent à 63% leur premier ministre Boris Johnson - pourtant versatile dans sa gestion de l'épidémie - et pire que l'Italie, pays pendant longtemps le plus touché du monde. La défiance des Français se situe au niveau de celle des Espagnols, état plus impacté que la France en nombre de cas et de morts et où le confinement s'est fait plus dur encore.

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Les maires plébiscités

Par ailleurs, 61 % des Français n'épargnent pas leurs concitoyens qu'ils ne jugent pas «à la hauteur». À leurs yeux, seuls les maires sont plébiscités par 75% d'entre eux. Un motif de satisfecit pour les nombreux édiles en première ligne, souvent proactifs et à l'initiative dans la gestion de la crise, notamment pour les commandes de masques et de tests. Les entreprises sont également saluées par 69% des Français, soit quatre points au-dessus de la moyenne européenne.


Aux rayons des critiques adressées à leurs dirigeants, les Français sont systématiquement deux fois plus sévères que leurs voisins européens. Entre impéritie de l'exécutif et manque de clarté, 75% d'entre eux estiment que le gouvernement ne leur a «pas dit la vérité», 74% pensent qu'il n'a «pas pris les bonnes décisions au bon moment», et trois-quarts regrettent encore qu'il «n'ait pas fait ce qu'il fallait pour aider les hôpitaux et les soignants».

Au moment où des plaintes contre des membres du gouvernement se multiplient, entre autres pour faire la lumière sur la gestion des masques, une majorité de Français jugent que leurs dirigeants «n'ont pas pris la mesure de la gravité de la situation», quand les Européens sont seulement 37% à le penser.

Crainte quant à «l'après»

Par ailleurs, si le confinement a été très majoritairement «bien vécu» en France et en Europe, beaucoup s'inquiètent de sa sortie et de ses conséquences. Dans un précédent sondage publié le 7 mai, 35% de Français disaient déjà ne pas souhaiter que le confinement s'opère bien à partir du 11 mai, essentiellement pour des raisons sanitaires. Désormais, 28% d'entre eux ont peur de perdre leur emploi dans les mois à venir. Cette fois-ci, les Français sont dans la moyenne européenne, les Espagnols et les Italiens étant les plus inquiets.

Néanmoins, dans un sondage Ifop pour le JDD et Sud Radio publié dimanche, près de 50% de Français indique la lutte contre le chômage et la lutte contre la précarité comme «tout à fait prioritaires». Signe donc qu'après la santé, la situation économique fait figure de préoccupation première. D'autant qu'en France, la hausse du chômage couplée à un niveau de défiance record laisse présager d'une nouvelle crise sociale. Un autre défi de «l'après-crise» pour le chef de l'État. L'exercice du déconfinement s'amorce à peine mais il s'annonce déjà périlleux pour l'exécutif.
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