Tuesday, October 25, 2016

> Quitter la jungle de Calais mais pour quel avenir...


> France/Monde


REPORTAGE

Quitter la jungle de Calais mais pour quel avenir...

L’immense bidonville insalubre de la zone industrielle de Calais a commencé hier à se vider. Des centaines de migrants se sont bousculés pour embarquer à bord de bus à destination de tout le pays.

Aujourd'hui à 05:00 par À Calais, Jean-Michel LAHIRE.




Les migrants ont été invités à se présenter auprès des autorités puis ont choisi une région avant d’embarquer dans les autocars et de quitter leurs voisins d’infortune. Photos JML










Les premiers sont arrivés avant l’aube. À la mi-journée, plusieurs centaines de migrants font la queue devant la « gare routière ». Beaucoup sont Soudanais, la plus grosse communauté au sein du bidonville voisin. Ehsan et Shirin, eux, sont Iraniens. Entre sites industriels et dépôts de carburants, leurs maigres possessions sur l’épaule, ils remontent la longue rue qui mène de la jungle au centre d’accueil, puis plus loin, au centre-ville de Calais. « La jungle, c’est fini », philosophe le couple, mi-heureux mi-résignés. Arrivés par la route des Balkans, ils vivent depuis neuf mois dans le bidonville. Et même prêts à embarquer pour une destination française inconnue, ils ne désespèrent pas de rallier un jour le Royaume-Uni. « Nous avons de la famille à Glasgow et à Londres, explique Ehsan. Et pour le travail et les études, c’est mieux ».

Combien sont-ils, à avoir choisi de quitter la Jungle dès ce premier jour ? Hier soir plus de 2000 avaient pris le chemin pour l’un des quelque 300 CAO (centre d’accueil et d’orientation) répartis sur l’ensemble du territoire. Durant la matinée, l’affluence était telle que l’entrée du centre d’accueil était à plusieurs reprises le théâtre de scènes de bousculade, canalisées par les CRS.

Mais une fois à l’intérieur, la police se fait invisible. Les services civils de l’État prennent le relais. Sous une première tente bleue, chaque migrant se voit proposer deux régions au choix sur une carte de France. La plupart se décident un peu hasard. « Les Soudanais veulent tous aller à Nantes. J’imagine qu’ils pensent déjà à reprendre un bateau » soupire un fonctionnaire de l’OFII (office français de l’immigration et de l’intégration).

Un bracelet par région

Les candidats au départ se voient ensuite remettre un bracelet de couleur, correspondant à leur destination.

Après avoir décliné leur identité auprès d’agents de la Sécurité civile, les voilà rassemblés sous une seconde tente jaune. Ils n’y restent en général que quelques minutes, le temps pour le bus de se positionner à proximité. Puis vient le temps de l’embarquement, et parfois des embrassades avec les bénévoles.

Un Soudanais d’une quarantaine d’années pleure sur l’épaule des bénévoles du Secours catholique-Caritas, avec lesquels il a participé tout l’été à un atelier théâtre. Beaucoup arborent un grand sourire : ce soir, ils dormiront au chaud.
Ceux qui restent

À l’extérieur, perplexes ou indifférents, les migrants venus assister aux opérations voient passer, de loin, les bus emmenant leurs anciens voisins. Beaucoup semblent encore hésiter : « Je ne sais pas ce que je veux faire. Prendre le bus, pour aller où ? En France ? Mais mon frère et ma sœur sont à Londres », explique Tasfr, un jeune Érythréen.

De nouveau, il dormira donc cette nuit dans la Jungle. Tout comme les 150 à 200 mineurs isolés qui se sont présentés hier au centre d’accueil, afin de rejoindre leur famille au Royaume-Uni. Ces derniers pourront probablement bénéficier de l’asile outre-Manche, mais la procédure prend du temps. En attendant, ils sont hébergés dans le village de conteneurs installé à l’est de la Jungle.

« Calais est une impasse physique et intellectuelle. Il vaut mieux demander l’asile en France », déclarait hier matin Didier Leschi, directeur général de l’OFII, se félicitant de la manière dont se déroulait l’évacuation malgré quelques « tensions avec les passeurs ». Ces derniers ont toujours pignon sur rue au sein du camp, petites mains tolérées par les autorités qui préfèrent décapiter les filières internationales prospérant sur la misère, que s’en prendre à des sous-fifres facilement remplacés.

« Les passeurs sont le principal risque que nous rencontrons car nous sommes en train de démanteler ce qui est la base de leur trafic d’être humains », reprend Didier Leschi. Restent les activistes No-Border présents au sein du camp, ces militants altermondialistes soupçonnés de pousser les migrants à la rébellion. De source policière, ils seraient environ 200 au sein de la Jungle. Hier, ils étaient plus discrets.




Sunday, October 16, 2016

Les jésuites élisent "un pape noir" du Venezuela



Dimanche 16 octobre 20

DERNIÈRES INFOS


14/10/2016

AFP

Les responsables de la Compagnie de Jésus - l'ordre des jésuites dont est issu le pape François - ont élu vendredi comme nouveau chef le Vénézuélien Arturo Sosa, à l'issue d'un insolite conclave de quatre jours, de conciliabules en binômes...

Né à Caracas et âgé de 67 ans, docteur en sciences politiques, Arturo Soca devient le 36ème "supérieur général" de la longue histoire de l'ordre fondé en 1540 par Ignace de Loyola, ont annoncé les jésuites dans un communiqué.

Le nouveau "pape noir" - le surnom donné au supérieur général en raison de la couleur de son habit ecclésiastique et du pouvoir occulte que l'histoire lui a longtemps prêté à l'ombre du pontife - remplace l'Espagnol Adolfo Nicolas, qui a démissionné à 80 ans.

C'est la première fois en près de cinq siècles d'histoire des jésuites que leur supérieur général n'est pas européen, a relevé l'Osservatore Romano, le journal du Vatican.
"Et le pape blanc et le pape noir sont d'Amérique latine", a tweeté le cardinal sud-africain Wilfrid Fox Napier, lui-même franciscain.

A l'image de l'Eglise catholique dans son ensemble, les jésuites sont en perte de vitesse en Europe et recrutent désormais majoritairement en Asie, en Amérique latine et en Afrique.
Un total de 215 responsables jésuites de 62 pays étaient chargés d'élir leur nouveau chef au siège mondial de la Compagnie de Jésus, tout près de la place Saint-Pierre à Rome.

La dernière assemblée plénière remontant à 2008, les participants arrivés fin septembre ne se connaissaient pas forcément en arrivant et la règle instaurée par Ignace de Loyola, qui redoutait toute forme d'ambition, interdisait de se porter candidat et de faire campagne.

Pour choisir leur chef, les délégués jésuites ont passé ces quatre derniers jours dans les "mumuratio", mot latin signifiant des petits conciliabules exclusivement à deux afin d'éviter l'effet pernicieux d'éventuels groupes de pression.

A l'issue de ces quatre jours de prières et de chuchotements, il ont procédé vendredi matin à un vote à bulletin secret pour désigner leur nouveau supérieur général, élu théoriquement à vie même si ses récents prédécesseurs ont démissionné quand ils ne se sont plus sentis en forme.

La Compagnie de Jésus, l'un des principaux ordres religieux masculins catholiques, compte aujourd'hui 16.740 membres (prêtres, frères laïcs, séminaristes et novices), un chiffre en forte chute depuis 50 ans.
Les jésuites ajoutent aux traditionnels voeux de pauvreté, chasteté et obéissance un quatrième voeu d'obéissance inconditionnelle au pape. Cela ne les a pas empêchés d'avoir des relations compliquées avec la papauté à travers les siècles.



Envoyé spécial - La face cachée de Google