Thursday, April 10, 2008

Les deux Babylones

Les deux Babylones

Alexander Hislop

Table des matières
Page précédante Page précédante
Page suivante Chapitre 2 - Objets du culte
Article 1 - La Trinité dans l'Unité


Chapitre 1

Caractère distinctif des deux systèmes

Le premier point sur lequel j'appelle l'attention du lecteur pour démontrer l'origine Babylonienne de l'Église Romaine, c'est le caractère de Mystère qui est particulier aux systèmes de la Rome moderne et de l'ancienne Babylone. Le prodigieux système de corruption morale et d'idolâtrie, dépeint sous l'emblème d'une femme qui tient à la main une coupe d'or (Apocalypse XVII, 4) et qui enivre toutes les nations du vin de son impudicité (Apocalypse XVII, 2) est divinement appelé "Mystère, la Grande Babylone" (Apocalypse XVII, 5). Tout homme sincère qui examine soigneusement ce sujet, ne peut douter que le Mystère d'iniquité décrit par Paul, dans II Thessaloniciens II, 1-7, n'ait sa contrepartie dans l'Église de Rome. Telle était l'impression produite par ce tableau sur l'esprit du célèbre Sir Mathieu Haie, homme d'un discernement peu commun, qu'il tenait ce langage : "Si cette description de l'apôtre était insérée dans le Cri d'alarme, le premier constable venu du royaume aurait le droit d'arrêter n'importe où l'Évêque de Rome comme étant la personnification du mystère d'iniquité". Or, comme le système dont nous parlons est aussi caractérisé par le nom de "Mystère", on peut présumer que les deux passages s'appliquent au même système. Mais le langage qui désigne la Babylone du Nouveau Testament, comme le lecteur ne peut manquer de le voir, nous ramène à la Babylone antique. De même que la femme dont parle l'Apocalypse, l'ancienne Babylone tient à la main une coupe pour enivrer les nations. Voici comment le Seigneur parlait de cette Babylone alors qu'elle était dans toute sa gloire, prophétisant ainsi son avenir par la bouche de Jérémie : "Babylone a été dans la main de l'Éternel une coupe d'or enivrant toute la terre ; les nations ont bu de son vin, c'est pourquoi les nations ont été comme en délire." (Jérémie LI, 7). Pourquoi cette analogie de langage concernant les deux systèmes ? Il faut évidemment conclure que l'un est la figure et l'autre la réalité. Or, comme la Babylone de l'Apocalypse est caractérisée par le nom de Mystère, de même ce qui distingue l'ancien système Babylonien, ce sont les mystères chaldéens qui en formaient une partie essentielle. C'est à ces Mystères que le langage symbolique du prophète hébreu fait distinctement allusion lorsqu'il parle de Babylone comme d'une "coupe d'or". On ne pouvait, dit Salverté (1), être initié à ces Mystères sans avoir bu préalablement des breuvages mystérieux. Ces breuvages étaient composés de vin, de miel et de farine (2). Quelques substances étaient ouvertement employées ; d'autres, tenues dans le secret, mais connues néanmoins (3), nous font voir que ces boissons étaient enivrantes, et les aspirants n'étaient préparés à voir et à entendre ce qu'on leur réservait, que lorsqu'ils avaient ressenti leur influence, que leur intelligence s'était obscurcie et que leurs passions avaient été excitées par la boisson préparée. Si l'on cherche quel était le but de ces Mystères, on verra qu'ils avaient une analogie extraordinaire avec le "Mystère d'iniquité" personnifié dans l'Église Romaine. Leur premier objet était de faire connaître peu à peu, sous le sceau du secret et la sanction d'un serment, ce qu'il n'aurait pas été prudent de dévoiler tout à coup et ouvertement. L'époque où ils furent établis prouve que les choses se sont ainsi passées. Les Mystères Chaldéens peuvent être assignés à l'époque de Sémiramis, qui vivait seulement quelques siècles après le déluge, et qui est célèbre pour leur avoir imprimé le caractère de son esprit licencieux et corrompu (4). Cette belle mais misérable reine de Babylone n'était pas seulement dans sa personne elle-même un modèle de convoitise effrénée et de dérèglement, mais encore dans les mystères qu'elle avait le plus contribué à former (5), elle était adorée comme Rhéaz, la grande Mère des dieux (6), avec des rites tellement odieux qu'elle a été identifiée à Vénus, la Mère de toutes les impuretés, et qu'elle a élevé la cité même où elle régnait à une honteuse supériorité parmi les nations. C'est à ce point qu'elle a été le grand siège de l'idolâtrie et de la prostitution sanctionnée (7). C'est ainsi que cette reine de Chaldée était le prototype exact et remarquable de la femme de l'Apocalypse, ayant une coupe d'or à la main, et sur le front le nom : "Mystère, la grande Babylone, mère des impudicités et des abominations de la terre" (fig. 1).

Cliquez pour agrandir. Agrandir la figure.
La reine de Chaldée
Fig. 1 – La forme de la coupe que tient cette femme est la même que celle de la coupe des rois Assyriens et elle est aussi tenue de la même manière. Un correspondant nous cite un passage de Pline, relatif à la coupe de Sémiramis qui tomba entre les mains de Cyrus victorieux. Ses proportions gigantesques doivent l'avoir rendue célèbre chez les Babyloniens et les nations avec lesquelles ils avaient des rapports. Elle pesait 15 talents ou 1200 livres.

Cliquez pour agrandir. Agrandir la figure.
Médaille du  pape Léon XII à son image (à gauche) - Église de Rome symbolisée par une femme (à droite).
Fig. 2
L'emblème apocalyptique de la femme impudique avec la coupe d'or à la main était même compris dans les symboles de l'idolâtrie dérivée de l'ancienne Babylone, tels qu'ils étaient représentés en Grèce, c'est ainsi, en effet, qu'on représentait Vénus à l'origine (8) ; et ce qui est curieux, c'est que même de nos jours, et pour la première fois, paraît-il, l'Église romaine vient de s'approprier ce symbole pour en faire l'emblème de son choix. En 1825, en effet, à l'occasion du Jubilé, le pape Léon XII fit frapper une médaille portant d'un côté sa propre image et de l'autre l'Église de Rome symbolisée par une femme qui tient à la main gauche une croix et de l'autre une coupe avec cette légende : "Sedet super universum (9)", elle a pour siège le monde entier (fig. 2).

Sémiramis vivant à une époque où la foi patriarcale était encore assez puissante dans l'esprit des hommes, (puisque Sem était encore en vie (10)), pour rallier les âmes fidèles autour de la bannière de la vérité et de la cause divine, il aurait été téméraire de proclamer tout à coup et publiquement, un système comme celui qui fut inauguré par la reine de Babylone. Nous savons, d'après la déclaration de Job, que parmi les tribus patriarcales qui n'avaient rien à faire avec les institutions mosaïques, mais qui adhéraient à la foi pure des patriarches, l'idolâtrie, à n'importe quel degré, était considérée comme un crime qui devait attirer sur la tête du coupable un châtiment terrible et sommaire : "Si j'ai regardé le soleil quand il brillait et la lune quand elle s'avançait majestueuse, si mon coeur s'est laissé séduire en secret, si ma main s'est portée sur ma bouche, c'est un crime que doivent punir les juges, et j'aurais renié le Dieu d'en haut" (Job XXXI, 26-28). S'il en était ainsi du temps de Job, à plus forte raison en était-il de même à l'époque plus reculée où les mystères furent institués. Si donc l'idolâtrie s'introduisait, et en particulier une idolâtrie grossière comme celle que le système Babylonien contenait en principe, il fallait nécessairement que ce fût en secret et à la dérobée (11). Quand même le souverain l'aurait introduite, elle aurait pu produire une réaction, et la partie de l'humanité demeurée fidèle aurait fait de violents efforts pour la détruire ; dans tous les cas, si elle s'était manifestée tout à coup, dans toute son horreur, la conscience humaine se serait alarmée et l'on aurait manqué le but qu'on se proposait d'atteindre. Ce but était de soumettre tout le genre humain d'une manière aveugle et absolue, à une hiérarchie qui dépendait entièrement des souverains de Babylone. À cet effet, toute la science sacrée et profane fut monopolisée par le clergé (12) qui la distribuait à ceux qu'il initiait aux Mystères, selon que le demandaient les intérêts de son grand système de despotisme spirituel. C'est ainsi que partout où se propagea le système Babylonien, les hommes furent livrés à la domination des prêtres. Ceux-ci étaient les seuls dépositaires des connaissances religieuses, seuls ils avaient la vraie tradition par laquelle on devait interpréter les rites et les symboles de la religion du peuple, et sans une soumission aveugle et entière, les prêtres refusaient de faire connaître ce qui était nécessaire au salut. Comparez cela avec les origines de la Papauté, avec son esprit et son "modus operandi" à travers tout son développement, et vous verrez combien la ressemblance est exacte.

Était-ce à une époque de lumière patriarcale que naquit le système corrompu des Mystères Babyloniens ? Non. Or ce fut à une époque de lumières encore plus grandes que commença le système impie et antiscripturaire, qui a trouvé un développement si marqué dans l'Église romaine. Il fut introduit du temps même des apôtres, alors que l'Église primitive était encore dans sa fleur, que l'on pouvait voir partout les fruits glorieux de la Pentecôte, et que les martyrs scellaient, de leur sang, leur témoignage à la vérité. Même à cette époque où l'Évangile brillait d'une lumière si vive, l'esprit de Dieu fit entendre, par la bouche de Paul, cette déclaration si distincte et si claire : "Le Mystère d'iniquité agit déjà." (II Thessaloniciens II, 7). Le système d'iniquité qui commençait alors devait aboutir, selon les prophéties bibliques, à une apostasie éclatante qui serait révélée en son temps d'une manière terrible et continuerait jusqu'à ce que "le Seigneur Jésus viendrait le détruire, par le souffle de sa bouche, et l'abolir par l'éclat de son avènement". Mais il s'introduisit tout d'abord dans l'Église en secret et à la dérobée "avec toutes les séductions de l'iniquité". Il travailla "mystérieusement" sous de beaux mais faux prétextes, "éloignant les hommes de la simplicité et de la vérité telles qu'on les trouve en Jésus". Et il agit ainsi par les mêmes raisons qui introduisirent secrètement l'idolâtrie dans les anciens mystères de Babylone ; il n'était ni sage ni prudent d'agir autrement. Le zèle de la véritable Église, quoi qu'elle ne disposât pas du pouvoir civil, se serait soulevé pour mettre ce faux système et ses partisans au ban de la Chrétienté, s'il s'était tout à coup montré ouvertement et dans toute son étendue, il n'aurait pu dès lors se développer. Aussi fut-il introduit secrètement et peu à peu, une corruption succédant à une autre ; à mesure que l'apostasie se développait et que l'Église infidèle s'accoutumait à la tolérer, jusqu'à ce qu'elle ait atteint les proportions excessives que nous voyons aujourd'hui, où, dans presque tous les détails, le système papal est l'antipode du système de la primitive Église. Les inscriptions copiées dans les catacombes romaines nous prouvent, d'une manière frappante (et cette preuve nous a été conservée par Rome même) que tout ce qu'elle a de plus caractéristique s'est introduit graduellement dans son sein, grâce à "l'action du mystère d'iniquité". Ces catacombes sont de vastes excavations sous-terraines aux environs de Rome, où, pendant les persécutions des trois premiers siècles, les chrétiens célébraient leur culte et ensevelissaient leurs morts. On trouve encore, sur quelques-unes de ces tombes, des inscriptions directement opposées aux principes et aux rites actuels de Rome. Prenons-en un seul exemple. Quel est aujourd'hui le trait distinctif de la papauté ? N'est-ce pas le célibat obligatoire pour le clergé ? Or, d'après ces inscriptions, nous avons la preuve la plus évidente, que même à Rome, il y avait un temps où on ne connaissait pas ce système du célibat des prêtres.

Témoin les inscriptions trouvées sur plusieurs tombeaux :

"À Basilius, prêtre, et Félicité, son épouse. Ils se sont préparé ce tombeau."
Petronia, femme d'un prêtre, type de la modestie. "Ici reposent mes os. Cessez de pleurer, mon cher époux, toi aussi, chère fille, et rappelez-vous qu'on ne doit pas pleurer sur celle qui vit en Dieu (13)."

Cà et là une prière pour les morts comme celle-ci : "Dieu veuille faire revivre ton esprit", montre bien que le mystère d'iniquité avait déjà commencé son oeuvre, mais de pareilles inscriptions montrent aussi qu'il avait travaillé lentement et avec circonspection, et que jusqu'à l'époque à laquelle elles appartiennent, l'Église Romaine ne s'était pas encore développée comme aujourd'hui où elle défend absolument à ses prêtres de se marier. Lentement et sournoisement, Rome a posé les bases de son système de prêtrise sur lequel elle allait ensuite élever un si vaste édifice. – À ses débuts, elle avait le nom de "Mystère" scellé sur son système.

Le confessionnal

Mais ce trait de "Mystère" lui a été conservé à travers tout son développement. Lorsqu'elle eut réussi à voiler l'éclat de l'Évangile, obscurcissant la plénitude et la liberté de la grâce divine, détournant les âmes de la communion directe et immédiate avec le seul grand Prophète et souverain Sacrificateur, on attribua au clergé un pouvoir mystérieux qui lui donnait la domination sur la foi du peuple, domination que refusaient formellement les apôtres (II Corinthiens 1, 24) mais qui, de concert avec le confessionnal, est devenue aujourd'hui au moins aussi absolue et aussi complète que le fût jamais celle du prêtre Babylonien sur les initiés des anciens Mystères. Le pouvoir clérical de la prêtrise romaine a atteint son apogée dans l'institution du confessionnal. Cette institution a été empruntée à Babylone. La confession demandée aux sectateurs de Rome est entièrement différente de celle que nous recommande la Parole de Dieu. L'Écriture nous dit à ce sujet : "Confessez vos fautes les uns aux autres." (Jacques V, 16). Ce qui implique que le prêtre doit se confesser au peuple comme le peuple au prêtre, s'il arrive que l'un ait péché contre l'autre. Ces paroles n'auraient jamais pu servir à aucun prétexte de despotisme spirituel, aussi Rome, abandonnant la parole de Dieu, a eu recours au système Babylonien. Dans ce système la confession secrète au prêtre, selon une formule usitée, était exigée de tous ceux qui étaient admis aux Mystères ; et l'initiation ne pouvait se faire qu'après cette confession. Voici comment Salverté parle de cette confession telle qu'on la pratiquait en Grèce, dans des rites qui ont évidemment Babylone pour origine (14) : "Ibus les Grecs depuis Delphes jusqu'aux Thermopyles étaient initiés aux Mystères du temple de Delphes. On s'assurait de leur silence sur tout ce qu'ils devaient tenir secret, par la crainte des châtiments dont on menaçait une révélation qui aurait été un parjure, et par la confession générale qu'on exigeait des aspirants à l'initiation. Cette confession leur faisait bien plus redouter l'indiscrétion du prêtre, qu'elle ne donne de raison à ce dernier de craindre la leur (15)." Potter nous parle aussi de cette confession dans ses "Antiquités Grecques", bien qu'on ne l'ait pas assez remarquée. Dans son récit des Mystères d'Eleusis, après avoir décrit les cérémonies et les instructions qui précèdent l'admission des candidats à l'initiation dans la présence immédiate des divinités, il ajoute : "Alors le prêtre qui les initiait, appelé lepocpocvtriÇ (l'Hiérophante), leur posait certaines questions, par exemple : « Jeûnez-vous ? » etc., à quoi ils répondaient par des formulaires (16)." Le mot "et castera" peut ne pas frapper un lecteur superficiel, mais il veut dire bien des choses. Il veut dire : "Êtes-vous pur de toute infraction à la loi de chasteté ?" Et cela non seulement dans le sens d'impureté morale, mais dans ce sens factice de chasteté que le paganisme a toujours aimé (17). "Êtes-vous pur de tout meurtre ?" car celui qui même par accident s'était rendu coupable de meurtre n'était pas admis avant d'avoir été lavé de son crime, et il y avait des prêtres, appelés Koès qui étaient dans ce cas chargés de recevoir les confessions et d'absoudre les coupables (18). La sévérité de ces questions du confessionnal païen est évidemment impliquée dans certains poèmes licencieux de Properce, Tibulle, Juvénal (19). Wilkinson dans son chapitre sur les "jeûnes privés et la pénitence", qui dit-il étaient strictement obligatoires, d'après des règles fixes, pour des époques déterminées (20), cite des passages de plusieurs auteurs qui montrent clairement où la papauté a pris ces questions qui ont imprimé à son confessional un caractère d'obscénité, comme on le voit par exemple dans les premières pages de Pater Deus. Pour justifier cette confession auriculaire, on disait que les solennités auxquelles les initiés allaient être admis étaient si grandes, si célestes, si saintes, que celui qui avait la conscience chargée d'une faute, d'un péché qu'il n'avait point expié, ne pouvait absolument pas y être admis. Aussi était-il indispensable, dans l'intérêt même de ceux qui voulaient se faire initier, que le prêtre officiant sondât leur conscience de peur que s'ils venaient sans s'être auparavant purifiés de leurs fautes, la colère des dieux ne fût excitée contre les profanes intrus. Tel était le prétexte ; mais aujourd'hui que nous connaissons le caractère essentiellement impur de leurs dieux et de leur culte, qui ne voit que ce n'était là qu'un prétexte ; que leur but principal, en demandant aux candidats de confesser leurs fautes secrètes, leurs faiblesses et leurs péchés, était de les mettre entièrement à la merci de ceux auxquels ils confiaient les plus intimes pensées de leur âme, et leurs secrets les plus importants ?

Or, c'est exactement de la même manière et pour les mêmes raisons que Rome a institué le confessionnal. Au lieu de demander aux prêtres et aux fidèles selon l'Écriture de "confesser leurs fautes les uns aux autres", lorsque l'un a fait du tort à l'autre, elle oblige tous les hommes, sous peine de perdition, à se confesser aux prêtres (21), qu'ils les aient ou non offensés, tandis que le prêtre n'est nullement obligé de se confesser à son troupeau. Sans cette confession, dans l'Église Romaine, on n'est point admis aux sacrements, pas plus qu'aux jours du paganisme on ne pouvait être admis aux Mystères sans s'être confessé. Or, cette confession est faite par chaque fidèle, dans le secret et la solitude, au prêtre revêtu de l'autorité divine (22), siégeant au nom de Dieu, investi du pouvoir d'examiner la conscience, de juger la vie, de condamner et d'absoudre à son gré et selon son plaisir. Tel est le grand pivot sur lequel tourne tout le système d'iniquité tel qu'il s'est incorporé dans la papauté ; et partout où on lui obéit, il sert admirablement son dessein et plie les hommes à une sujétion abjecte vis-à-vis de la prêtrise. Fidèle au principe qui donna naissance au confessionnal, l'Église, c'est-à-dire le clergé, prétendit être le seul dépositaire de la véritable foi de la chrétienté. De même que les prêtres chaldéens étaient censés posséder la clef de l'explication de la mythologie Babylonienne, clef qui leur avait été transmise depuis la plus haute antiquité, de même les prêtres de Rome prétendirent être les seuls interprètes de l'Écriture : eux seuls avaient la vraie tradition transmise d'âge en âge, sans laquelle il était impossible de comprendre le véritable sens de la Bible. Aussi demandaient-ils une foi complète à leurs dogmes ; tous les hommes étaient tenus de croire comme l'Église, tandis que l'Église pouvait déterminer sa foi selon son bon plaisir. Possédant l'autorité suprême sur la foi, elle pouvait en communiquer un peu ou beaucoup selon qu'elle le jugeait convenable ; et réserver dans l'enseignement les grandes vérités de la religion était un principe aussi essentiel dans le système de Babylone qu'il l'est aujourd'hui dans le Romanisme ou le Iractarianisme (23). Ce fut cette prétention du clergé à dominer sur la foi, qui "tint injustement la vérité captive (24)" dans l'antiquité si bien que "les ténèbres couvrirent la terre, et que les hommes étaient plongés dans d'épaisses ténèbres". La même prétention apparut chez le clergé Romain, lorsque dans des âges d'ignorance, à travers plusieurs siècles lugubres, l'Évangile demeura inconnu et que la Bible fut un livre fermé pour des millions d'hommes qui portaient le nom du Christ. À tous les égards donc, nous voyons que Rome porte avec raison sur le front le nom "Mystère, la Grande Babylone."



1.Eusèbe SALVERTÉ, Des Sciences occultes, p. 259
2.GEBELIN, Monde primitif, vol. IV, p. 319.
3.Voir SALVERTÉ, p. 258-259.
4.AMMIANUS MARCELLINUS, liv. XIV, ch. 6 et liv. XXIII, ch. 6. p. 371, 374, comp. avec Justin, Histoires, liv. 1, ch. 1, p. 615. Et Chronique d'Eusèbe, tome I, p. 40, 70 etc. Eusèbe dit que Ninus et Sémiramis régnaient à l'époque d'Abraham. Voir tome I, p. 41 et tome II, p. 65. Pour l'âge de Sémiramis, voir note page 15.
5.Chronique Paschale, vol. 1. p. 65.
6.HÉSIODE, Théogonie, v. 453, p. 36.
7.HÉRODOTE, Hist., liv. I, ch. 199, p. 92. – QUINTUS CUKTIUS, v. 1.
8.Pour confirmer ce point, voir Appendice, note A.
9.ELLIOTT, Horoe, vol. IV, p. 30
10.Pour l'âge de Sem, voir Genèse XI, 10, 11. D'après ce passage Sem vécut 502 années après le déluge, c'est-à-dire selon la chronologie théorique jusqu'à l'an 1846 av. J.-C. L'âge de Ninus, époux de Sémiramis, comme nous avons déjà établi dans une note précédente, correspondait, d'après Eusèbe, à l'âge d'Abraham qui naquit en 1996 av. J.-C. Toutefois, c'est seulement neuf ans avant la fin du règne de Ninus, dit-on, qu'Abraham naquit (SYNCELLUS, p. 170. Paris 1652). Donc le règne de Ninus a dû finir, selon la chronologie usuelle, vers 1787 av. J.-C. Clinton qui est fort compétent en chronologie, place le règne de Ninus un peu plus haut. Dans ses Fastes Grecques, tome I, p. 253, il lui assigne l'an 2182 av. J.-C. Layard dans Ninive et ses ruines, tome II, p. 217, souscrit à cette opinion. Sémiramis, dit-on, survécut quarante-deux ans à son mari. (Syncellus, p. 96). Quel que soit le point de vue qu'on adopte pour l'âge de Ninus, il est évident que Sem a longtemps survécu à Ninus. Cet argument repose, on le comprend, sur l'hypothèse de l'exactitude de la chronologie hébraïque. Pour plus de lumière là-dessus, voir Appendice, note B.
11.On verra plus loin (ch. 2) quelle raison puissante il y avait en réalité pour agir dans le plus grand secret.
12.Eusèbe SALVERTÉ, Des Sciences occultes, dassim.
13.Dr. MAITLAND, L'Église dans les Catacombes, p. 191-192.
14.Pour l'origine Babylonienne de ces Mystères, voir chapitre suivant, article l et 2.
15.Eusèbe SALVERTÉ, Des Sciences occultes, ch. XXXVI, p. 428.
16.POTTER, vol. I. Eleusinia, p. 336.
17.Pour les défenses arbitraires à l'égard desquelles on peut devenir coupable, voir POTTER, tome I, p. 336, quelques phrases avant la dernière citation.
18.DUPUIS, Origine de tous les cultes, vol. IV. P. L, p. 302. Paris, l'an III de la République.
19.Voir particulièrement JUVÉNAL, Satire VI, 535.
20.WILKINSON, Les Égyptiens, tome V, p. 335-336.
21.Le Chrétien sincère, par l'évêque HAY, tome II. p. 68. Dans cet ouvrage on trouve la question et la réponse suivantes : "D. – Cette confession des péchés est-elle nécessaire pour obtenir la salut ? R. – Elle est ordonnée par Jésus-Christ comme absolument nécessaire." – Voir aussi le Manuel du pauvre homme, ouvrage répandu en Irlande, p. 109-110.
22.La lumière de la prophétie. Voir Appendice, note C.
23.Il y avait une différence même parmi les initiés. Quelques-uns n'étaient admis qu'aux petits Mystères ; les grands Mystères étaient réservés à un petit nombre de privilégiés. (WILKINSON, Les Anciens Égyptiens, tome I, p. 265-267).
24.Romains I, 18. Les meilleurs interprètes traduisent ce passage comme ci dessus. On remarquera que Paul parle expressément des païens.



Table des matières
Page précédante Page précédante
Page suivante Chapitre 2 - Objets du culte
Article 1 - La Trinité dans l'Unité


Source: http://godieu.com/doc/babylones/index.html

No comments: