Friday, March 15, 2013

Austérité: les réactions d'Herman Van Rompuy, Elio Di Rupo et Ecolo



MONDE | Mis à jour le jeudi 14 mars 2013 à 17h47






Manifestation contre l'austérité: Herman Van Rompuy appelle à la patience


A l'heure où plusieurs milliers de travailleurs s'apprêtaient à défiler dans les rues de Bruxelles pour dénoncer les politiques d'austérité menées en Europe, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a défendu la stratégie européenne de sortie de crise, estimant que celle-ci commençait à porter ses effets, "même si l'économie réagit toujours avec un certain délai". De son côté, Elio Di Rupo continue à plaider rigueur et relance, tandis qu'Ecolo réclame du changement.


Intervenant à l'issue du traditionnel sommet social de printemps réunissant les dirigeants de l'Union européenne et les partenaires sociaux européens, Herman Van Rompuy a rappelé l'objectif poursuivi: restaurer la confiance dans l'économie, rétablir des finances publiques saines par l'adoption de réformes structurelles, relancer l'activité et soutenir la compétitivité européenne.

"Mais il est vrai qu'on ne peut pas ne pas regarder la détresse sociale", a reconnu le président du Conseil alors que la précarité progresse en Europe, continent où l'on dénombre à présent 26 millions de chômeurs, dont beaucoup de jeunes.

Herman Van Rompuy a à cet égard défendu plusieurs éléments contenus dans le budget européen pluriannuel adopté le mois dernier, dont une initiative de 6 milliards d'euros pour les jeunes.

Partie prenante à ce sommet social, la secrétaire générale de la confédération européenne des syndicats (CES), Bernadette Segol, a tenu à mettre les leaders européens en garde contre les effets des réformes structurelles appliquées sous l'impulsion européenne.

"La confiance de la population est en train de se réduire, et ces gens ont aussi un droit de vote", a-t-elle rappelé à un an des élections européennes dont les résultats sont particulièrement redoutés dans ce contexte de crise.

"Les réformes structurelles dont il est question ne font que mettre la pression sur des personnes qui ont déjà payé les effets de la crise", a averti Bernadette Segol.

Vu l'anémie de l'économie et la montée du chômage, ce dont l'Europe a besoin à présent, c'est d'investissements, a encore jugé Bernadette Segol, plaidant en conséquence pour que les Etats membres puissent interrompre les politiques de restriction budgétaire.

Elio Di Rupo continue à plaider rigueur et relance

Le Premier ministre Elio Di Rupo a dit comprendre le message anti-austérité porté jeudi par les manifestants en marge d'un Sommet européen qui doit se tenir jeudi et vendredi à Bruxelles. "Je comprends la démarche et j'en tiens compte", a-t-il indiqué, soulignant la nécessité de forcer un équilibre alliant rigueur et relance, et pressant à cet égard le commissaire européen Antonio Tajani d'accélérer le processus de mise en place d'un plan industriel.

"Il faut un équilibre entre la rigueur, qui a permis au pays de retrouver la crédibilité, faut-il rappeler l'évolution du spread, les taux d'intérêt, et - la situation reste fragile, (...) - et en même temps, comme cela a été fait en Belgique, il faut œuvrer à une stratégie de relance européenne car on ne peut pas laisser les gens dans le désespoir", a indiqué Elio Di Rupo.

"L'objectif premier est le retour de la croissance", a souligné le chef du gouvernement. "La rigueur - et non pas l'austérité - et la relance, car on ne peut être laxiste", a-t-il insisté, paraphrasant l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) selon qui "l'austérité nuit à la santé".

La Belgique fait preuve de rigueur et attend de l'Europe qu'elle sorte un plan de réindustriualisation. Le commissaire européen à l'industrie, Antonio Tajani, s'est engagé à sortir ce plan pour février 2014, ce qui semble fort loin. Elio Di Rupo lui a demandé d'accélérer les travaux.

Le Premier ministre belge s'est également entretenu la semaine dernière avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Ecolo réclame du changement

En écho à la manifestation des syndicats et la tenue du sommet européen, le parti Ecolo, dans l'opposition au fédéral, juge "urgent" que l'Europe prenne "un autre cap social et environnemental", rejetant la réponse offerte jusqu'ici par les dirigeants de l'UE.

"Le carcan budgétaire dans lequel la Commission enferme les Etats ne permet en effet pas de dégager des moyens pour une réorientation de l'économie et créer l'emploi de demain. Il menace également les systèmes de protection sociale et l'indexation automatique de nos salaires", note Ecolo dans un communiqué.

Les écologistes réclament une révision de la trajectoire budgétaire européenne, la mobilisation de fonds pour relancer l'industrie européenne, une meilleure coordination fiscale, et la mise en place d'un mécanisme de droits sociaux et environnementaux pour mettre dumping pratiqué nombre de pays étrangers.

"Faute d'avoir pu interroger le Premier ministre Di Rupo avant le sommet de ces jeudi et vendredi, les Verts ne peuvent qu'espérer qu'il fera le choix de mettre ces questions à l'agenda et contribuera à un changement de cap plus qu'urgent et nécessaire pour sauver l'emploi et le bien-être dans toute l'Europe", conclut Ecolo.



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