Sunday, August 5, 2012

Mario Draghi n'a pas surpris l'Allemagne

Mots clés : Zone Euro, Allemagne, Philip Rösler, Mario Draghi, BCE, MES

Par David Philippot
Publié le 03/08/2012 à 20:48

Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne.
Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. Crédits photo : Michael Probst/AP


Attachés aux traités européens, les Allemands s'attendaient à voir la Banque centrale européenne rester dans le cadre de son mandat.

Donnée gagnante par le reste de l'Europe, l'Allemagne ne crie pas victoire. Pas de titres ronflants ou de commentaires triomphants aux lendemains de la prise de parole de Mario Draghi. D'abord parce que les Allemands, attachés au respect des traités, s'attendaient à voir la Banque centrale européenne (BCE) rester dans les clous de son mandat. Illustration avec la réaction du vice-chancelier libéral (FDP) et ministre de l'Économie, Philip Rösler: «Sa mission est d'assurer la stabilité de la monnaie, pas de financer les dettes des États».

Les jours précédents la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE, le gouvernement allemand avait martelé que les espoirs démesurés suscités par les déclarations de Draghi et Juncker seraient déçus. «Aucune décision d'importance ne sera prise avant le mois de septembre et la prochaine réunion de l'Eurogroupe», avait assuré une porte-parole du ministère des Finances. Sous entendu: la balle restera bien dans le camp des juges de Karlsruhe, qui doivent se prononcer le 12 septembre prochain sur la constitutionnalité du Mécanisme européen de stabilité (MES).

«Pour l'avenir, l'Allemagne mais aussi d'autres pays comme les Pays-Bas ou la Finlande disposeront d'un droit de veto au sein du Mécanisme européen de stabilité. Ce qui enterre l'idée d'une licence bancaire pour ce fonds de sauvetage», en conclut Christian Schulz, analyste à la banque Berenberg. Vu de Berlin, l'impression de vivre un «remake» du scénario de l'été 2011 est très forte. Le président Sarkozy avait alors pris la tête d'une croisade des pays du «Club Med» en faveur des eurobonds, avant que l'Allemagne ne douche les espoirs.

«Numéro d'équilibriste»
L'opinion publique allemande était donc préparée à l'idée d'une intervention a minima de la BCE. C'est dans cette logique que s'inscrit l'abstention du chef de la Bundesbank. Avec ce geste, Jens Weidmann a voulu lancer un avertissement pour montrer son attachement à l'indépendance de la BCE vis-à-vis des politiques, son cheval de bataille. Le poids de l'Allemagne, à hauteur de 19% du capital de la BCE, lui donne une place primordiale sur l'échiquier.

Dans les journaux, les commentaires se sont plutôt concentrés sur le message de Mario Draghi. Bild regrette le «manque de clarté du président de la BCE, à un moment où 80% des Allemands craignent pour leurs économies». À l'inverse, la Süddeutsche Zeitung a salué son «numéro d'équilibriste»: le droit à l'espoir pour les pays du Sud, tout en leur rappelant leur devoir de réforme.

À la marge, quelques voix ont déploré le manque d'initiative de la BCE. Peter Bofinger, membre du Comité des cinq sages consulté par le gouvernement sur les questions économiques, souligne que l'Allemagne a la mémoire courte. Lors de la récession de 1975, la Buba elle-même avait acheté en masse des obligations allemandes, avec l'objectif d'en faire baisser leur taux.





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