Friday, May 20, 2011

Le continent vulnérable

Published by Thorsten Philipp


Temperature anomalies - image: wikimedia


Les pays africains seront parmi les premières victimes du changement climatique: présentation du rapport de vulnérabilité à Bruxelles.

Les conséquences sociales à long terme du changement climatique d’origine anthropique ont été l’objet de nombreuses études et controverses depuis longtemps. S’ajoute désormais aux études influentes de Nicholas Stern et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), une nouvelle analyse qui met l’accent uniquement sur le continent africain. Le réseau « Africa, Climate Change, Environment and Security Dialogue Process (ACCESS) », une coalition d’institutions des Nations-Unies, de l’UE et de nombreuses organisations gouvernementales et non-gouvernementales, fondée en 2010 à Addis-Abeba, a présenté le 8 avril 2011 à Bruxelles son « rapport de vulnérabilité » pour servir de base de discussion sur les changements sociaux induits par le changement climatique dans les domaines de l’eau, la sécurité alimentaire et énergétique, la migration et les risques naturels.

Pourtant, les conséquences que les changements climatiques auront sur le continent ne se prêtent pas aisément à une évaluation tout à fait concluante. Elles sont en effet liées à un grand nombre d’autres facteurs sociaux, dont de nombreux pays africains souffrent depuis longtemps (instabilité économique, mauvaise gouvernance, corruption, conflits armés, etc.).

Les analyses individuelles montrent, cependant, que le Burundi, le Tchad, la République démocratique du Congo, le Kenya, l’Ethiopie, le Niger, le Soudan et le Nigeria doivent être considérés comme les zones les plus vulnérables de l’Afrique. Le changement climatique, dans ces pays, non seulement augmentera la fréquence des événements météorologiques extrêmes (sécheresses, tempêtes, inondations), mais surtout changera le cycle de l’eau à un point tel que l’habitabilité des habitats existants sera remise en question. Dans le contexte d’une désertification progressive et accélérée, cela est vrai en particulier pour les régions arides de l’Afrique sub-saharienne. Le nombre de personnes touchées par le manque d’eau peut, selon l’étude, s’accroître à 75 millions d’ici à 2020.

Les changements environnementaux induits par l’évolution du climat ne constitueraient pas la seule cause d’éclatement d’un éventuel conflit armé, mais ils intensifient la pression migratoire et font accroître le risque de conflit. Des conflits violents inter-étatiques à cause de l’eau sont généralement considérés comme peu probables ; cependant, un potentiel accru de conflit sur la question de la distribution de l’eau entre les unités sub-étatiques (les conflits dits de distribution d’eau) est possible.

Les pénuries alimentaires en raison d’une sous-production des produits agricoles et la réduction de l’eau potable à la suite des inondations et des sécheresses sont considérés comme les défis principaux d’une future politique de sécurité. Si l’économie nationale concernée ne réussit pas à limiter la pénurie de produits de base par des mesures économiques et politiques, des conflits sur la terre, sur l’eau et sur l’énergie seront inévitables. Dans ces cas, le niveau de violence dépendra bien sûr non seulement du degré des dommages liés au climat, mais aussi d’autres facteurs sociaux (conflits internes, instabilité politique etc.). Néanmoins les événements météorologiques extrêmes et les sécheresses augmentent le risque de conflit, même s’ils n’en sont pas déclencheurs à eux seuls.

L’étude interdisciplinaire décrit ainsi le problème éthique au cœur du changement climatique.Bien que les bénéficiaires de la consommation des ressources et de l’environnement soient principalement situés dans les pays occidentaux industrialisés, les conséquences négatives de la production moderne et des pratiques de consommation apparaissent plutôt dans les sociétés les plus pauvres, qui pour leur part n’ont pas contribué à l’augmentation de la consommation mondiale des ressources. Le changement climatique, dans son centre, reste un conflit de justice. Le rapport ACCESS sur la vulnérabilité peut être recommandé à tous ceux qui souhaitent connaître plus concrètement les conséquences pratiques de ce conflit de justice mondial. Il peut être téléchargé gratuitement sur le site Web de la Global Climate Change Alliance (GCCA).

http://www.gcca.eu/usr/ClimateChangeSecurity_Africa_VulnerabiltyDiscussionPaper
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Source: http://www.ocipe.info/2011/04/le-continent-vulnerable/
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