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Le synode sur la famille au Vatican est entré lundi dans le vif du sujet, pour trois semaines de débats intenses sur des questions qui déchirent l'Eglise catholique: divorcés remariés, unions libres ou homosexualité.
Le pape argentin a appelé les "pères synodaux" à ne pas considérer leur assemblée comme un "parlement" où les participants se livreraient à des "négociations, des tractations et des compromis", mais comme le lieu où "l'Eglise chemine ensemble".
Dimanche, lors de la messe d'ouverture de ce deuxième synode en deux ans sur la famille, Jorge Bergoglio avait d'ores et déjà fixé le cadre des débats, qui se prolongeront jusqu'au 25 octobre.
Il a réaffirmé le dogme catholique sur le caractère indissoluble du mariage, nécessairement célébré entre un homme et une femme, dans un discours très ferme de nature à rassurer les conservateurs. Mais il a aussi prévenu que l'Eglise se "trahirait" si elle fermait ses portes à "quiconque frappe et demande aide et soutien".
Et sans jamais nommer les personnes en situation "irrégulière" du point de vue de l'Eglise catholique (divorcés remariés, couples en union libre, homosexuels...), le pape argentin a rappelé qu'il ne saurait être question "de pointer du doigt pour juger les autres" car l'Eglise a "le devoir de chercher et de soigner les couples blessés".
François a rappelé de ce point de vue le devoir de la miséricorde, condamnant "une Église aux portes closes, qui, au lieu d'être un pont, devient une barrière".
Le pape a aussi appelé l'Esprit Saint à guider les débats dans cet "espace protégé" que doit être le synode. Car les débats s'annoncent houleux tant les divisions sont profondes.
L'homosexualité, l'une des questions abordées
Au-delà de la question de l'homosexualité, soulevée avec fracas samedi par le "coming out" d'un prêtre polonais, bien d'autres sujets divisent aussi l'Eglise, à commencer par la question cruciale des divorcés remariés.
Considérés comme infidèles à leur premier -- et aux yeux de l'Eglise unique -- conjoint, peuvent-ils communier comme les autres fidèles, comme beaucoup le réclament, ou sont-ils condamnés à rester éternellement en dehors des sacrements ?
Samedi, le père Krysztof Olaf Charamsa, membre de la curie romaine, le gouvernement du Vatican, a révélé son homosexualité, et dans le même temps son intention de vivre ouvertement son amour pour son compagnon Eduardo.
Il est temps que "l'Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu'elle propose, à savoir l'abstinence totale et une vie sans amour, n'est pas humaine", a déclaré ce théologien polonais de 43 ans.
"Le clergé est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu'à la paranoïa car paralysé par le manque d'acceptation pour sa propre orientation sexuelle", a-t-il affirmé.
Un savant dosage entre "conservateurs" et "libéraux"
Ces déclarations fracassantes ont provoqué les foudres du Vatican qui l'a aussitôt démis de ses fonctions auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi, organisme du Vatican chargé précisément de veiller au respect du dogme catholique.
"Malgré nos différences, ce synode ne doit pas être une épreuve de force dont les micros et les caméras seraient les arbitres", a rappelé lundi aux évêques le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, un des quatre co-présidents de l'assemblée.
Après un premier synode ayant révélé il y a un an de profondes dissensions, les 360 participants de ce deuxième round, nommés en septembre par le pape, représentent un savant dosage entre "conservateurs" et "libéraux", sans exclure les plus radicaux des deux camps.
Face à ces centaines d'évêques et de prélats, seuls 18 couples auront la charge de faire entendre la voix des femmes et des laïcs.
Pour le pape argentin, la famille traditionnelle subit une crise profonde et l'Eglise doit savoir répondre aux évolutions du temps sans pour autant s'y conformer. A la fin du synode, il reviendra à Jorge Bergoglio de décider seul, probablement au printemps, des inflexions à apporter ou non au message de l'Eglise.
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