Tuesday, September 16, 2014

Sunday Assembly : les églises athées débarquent à Paris


AMEN


14/09/2014 à 09h56

Juliette Harau | Rue89








« Sunday Assembly » à Los Angeles le 10 novembre 2013 (AP Photo/Jae C. Hong)

Aller à la messe le dimanche n’est pas votre cup of tea ? Vous allez peut-être changer d’avis. Si chanter, former une communauté et philosopher un tantinet vous parlent d’avantage, vous serez peut-être curieux de faire un tour à une Sunday Assembly.

Dans ces assemblées dominicales, ambiance festive et dynamique, Dieu n’est pas convoqué. Ces églises athées proposent de se réunir sous les couleurs de la laïcité pour :

« Vivre mieux, aider souvent, s’émerveiller plus. »

C’est le slogan. Lancé par deux comédiens dingos à Londres, le concept se répand de l’Australie aux Etats-Unis et s’invite maintenant en Europe : Amsterdam, Bruxelles, Berlin... Et un lancement le 28 septembre à Paris.

Pippa Evans et Sanderson Jones présentent leur projet (en anglais), dans la vidéo ci-dessous.


--

Une Sunday Assembly se forme en effet à Paris. Première célébration de ce nouveau rendez-vous mensuel le 28 septembre dans un lieu qui reste encore à déterminer.

Mais le programme est déjà au point. Un sociologue pour parler du thème du jour : l’optimisme. Des sons qui donnent envie de pousser la chansonnette : de Claude François aux Beatles. La communion version XXIe siècle se fera façon karaoké.

Ajoutez quelques jeux pour créer du lien, dans le genre « dire quelque chose de personnel à son voisin de banc » – ce sera sûrement des chaises, ne vous formalisez pas.

« Désir de communauté »

En maître de cérémonie et parrain de cette french version, pas moins que le cofondateur du concept, Sanderson Jones. Il l’a déjà fait à San Diego. Le comédien est en terrain connu à Paris où il a vécu de petits boulots pendant quelques années.

En Français et sans se défaire de l’humour qui est sa marque de fabrique, Sanderson Jones parie sur « le désir de communauté » :
« Fêtes de villages, fêtes de la musique, Nuit Blanche, les Français ont inventé la joie de vivre ... mais parfois c’est bien caché, dans le métro le matin c’est moins évident. Dans les grandes villes on peut se sentir seul. On est connecté à un millier de trucs mais rarement avec des gens de manière réelle. »
Très enthousiaste, il a motivé la poignée de Parisiens qui s’occupe du lancement, comme Chelsea Williams :
« Paris a beaucoup de choses à offrir, ce serait dommage de ne pas en profiter. »
L’étudiante et militante écologiste espère créer du lien entre différents univers, donner à voir les initiatives locales. Elle mise notamment sur les associations qui pourraient venir présenter leur action à l’assemblée.

Une partie de la famille de la jeune femme est protestante, l’autre catholique, elle a fait ses études dans une école catholique. Côté valeurs elle est déçue :
« Je trouve dommage que ce qui mobilise ce soit la lutte contre le mariage pour tous. »
Croyante, elle ne se reconnaît pas dans l’Eglise en tant qu’institution :
« C’est positif pour ceux qui s’y retrouvent, mais c’est exclusif. »
Ici, le mot d’ordre est de réunir les gens. Pour Jock Meston, autre lanceur du projet, la laïcité est un bon point de départ commun. Les croyants qui souhaiteraient venir sont les bienvenus.
« Les cultures non-croyantes vont prendre de nouvelles formes »

Cadres et institutions manqueraient-ils à nos sociétés désenchantées ? Lois Lee, sociologue britannique codirecteur du Réseau de recherche sur la non-religion et la laïcité (NSRN) :


« A mon avis, la modernité a toujours été “enchantée” [...]. Peut-être que les Sunday Assemblies marquent une nouvelle étape de l’institutionnalisation des enchantements non religieux. Leur émergence, et celle d’autres mouvements non religieux [...], est une nouvelle phase dans la maturation de la société laïque : [...] inévitablement les cultures non-croyantes vont prendre de nouvelles formes. »

Quant au fait qu’ils seraient des mouvements inclusifs, le chercheur souligne que pour l’instant les expériences de Sunday Assembly fonctionnent surtout dans les villes cosmopolites :

« Elles attirent des gens ayants des intérêts communs, des groupes socio-économiques similaires et ainsi de suite. Il sera intéressant d’étudier la diversité des congrégations et de voir si les “confessions” répondent à différents besoins. »

Les lignes de ce nouveau cadre laïc restent à tracer. Pour commencer, Sanderson Jones promet un moment « marrant ».

L’écrivain anglo-suisse Alain de Botton, auteur de « Religion for atheists », invite à se réapproprier les atouts des religions. Arte.tv rapporte son idée :
« Les religions sont trop utiles, trop efficaces et trop intelligentes pour être abandonnées aux seuls croyants. »
.

No comments: