Bush, la droite religieuse et la fin des temps
par Rodrigue Tremblay, le 22 août 2006
Traduit par Pétrus Lombard
« Je pense que tout bien pensé l'influence morale de la religion a été horrible. , les braves gens peuvent se comporter bien et les mauvaises gens peuvent faire le mal avec ou sans la religion ; mais pour que les braves gens puissent faire le mal , il faut la religion. »
Steven Weinberg, lauréat du Nobel de physique
« Un tyran doit avoir l’air d’avoir une dévotion peu commune à la religion. Les sujets ont moins peur d’être traités illégalement par un qu'ils considèrent très croyant et pieux. »
Aristote (384-322 avant JC)
Depuis que le Président US George W. Bush raconte que « Dieu » lui dit les politiques à suivre, sans doute que le côté religieux de l'axe Israël-USA devrait être plus rigoureusement examiné. A plus forte raison depuis que Bush a refusé de répondre à une question directe concernant ses propres vues au sujet de la théorie de ses alliés religieux, selon laquelle Dieu est supposé avoir un plan pour une fin du monde prochaine. Il aurait pu répondre que ces idées, provenant de fanatiques religieux, devrait être rejetées comme des hallucinations, mais il ne l’a pas fait. Qu’est-ce que cela veut dire?
Quand les extrémistes religieux utilisent leur accès à la TV exonérés de taxe pour publiquement réclamer une confrontation nucléaire entre l'Amérique et l'Iran, et quand ils tentent de diaboliser l'Union Européenne en l'appelant « l'Antéchrist », n’est-il pas temps de demander ce qui se passe aux USA. Ce vent de folie collective est-il en train de s’apaiser ou au contraire, de prendre de l’essor ? Les fanatiques de l’Armageddon [voir note en fin d’article] réclament-ils la fin du monde et le Second Avènement du Christ, dans la guerre d'Armageddon censée tuer deux milliards de gens, transformant les USA en un asile de fous dont les pensionnaires auraient pris le pouvoir ?
Il y a, en effet, pas moins de 30 millions d’Armageddonites usaméricains – dix pour cent de la population – membres pour la plupart du mouvement fondamentaliste religieux évangélique, auquel GWB adhère en tant que chrétien évangélique né à nouveau, et à qui il emprunte son langage religieux pour défendre sa politique. (Dans les élections de 2004, les sondages de sortie des urnes ont montré que plus des trois quarts des Chrétiens évangéliques blancs avaient voté pour le Président Bush.) Beaucoup parmi les évangélistes sont connus pour nourrir l'idée folle que si le scénario de fin du monde de leurs prédicateurs devait s’accomplir, ils seraient « ravis » (au sens propre, c’est—dire enlevés, NDT) et entreraient au « Ciel », sans passer par le « Jugement Dernier ». Depuis, les chefs de ce mouvement sont fréquemment invités à la Maison Blanche pour des sessions politiques à huis clos, et comme beaucoup de membres du Congrès assistent à leurs réunions, il se pourrait qu’il ne soit pas insensé après tout de regarder ce que ces personnages délirants ont comme projets en magasin pour le monde.
Ce qui est effrayant est la convergence apparente d'intérêts entre les pro-israëliens et les néo-conservateurs pro-guerre aux USA, le Parti Républicain et ses fortunes électorales liées à ses guerres, et les radicaux religieux qui réclament publiquement une confrontation avec l'Iran comme condition préalable nécessaire à leur Armageddon. Quand un fanatique religieux a tenu une grande réunion à Washington, le 18 juillet 2006, pour lancer un mouvement de guerre de Sionistes Chrétiens en faveur d'Israël et contre l'Iran, le mouvement « Christians United for Israel » (Chrétiens unis pour Israël), le Président George W. Bush ne dénonça pas une telle obsession folle pour la fin du monde, mais au contraire envoya un message de soutien. Leur disant, « Dieu… bénit et se tient aux côtés du peuple d'Israël et… bénit les USA. »
En plus de cela, le Président du Republican National Committee, Ken Mehlman, lui-même était l'un des orateurs lors de la réunion. Le dirigeant du groupe, le Texan John Hagee, proposa que les Etats-Unis s’unissent à Israël dans une frappe militaire préventive contre l'Iran pour accomplir le « plan de Dieu » pour Israël et l'Occident. Des politiciens républicains, tels que le Sénateur Sam Brownback (Républicain du Kansas), le Sénateur Rick Santorum (Rép. de Pennsylvanie) et Tom Delay (Rép. du Texas), participaient. Etaient aussi parmi les invités l'ambassadeur israélien, Daniel Ayalon, et le Général Moshe Yaalon, chef en retraite de la Défense israélienne. N'est-il pas vrai que la réalité dépasse la fiction, quand des radicaux religieux usaméricains et des généraux étrangers se réunissent pour s'associer dans une guerre religieuse ?
Ce qui est aussi inquiétant, c’est que George W. Bush et certains des principaux Républicains semblent écouter des gens religieux dérangés qui, s'ils en avaient les moyens, pourraient nous précipiter dans une guerre mondiale et une dépression économique globale, simplement pour réaliser leurs fantasmes religieux. Considérant que la politique de l'administration Bush-Cheney inspirées par les néo-conservateurs sont vues par beaucoup comme étant régies par un amalgame « d’impulsion et de divagation », le monde ne devrait-il pas s’inquiéter ? En effet, le magazine Newsweek a signalé récemment que le Président George W. Bush est un homme qui « fait toujours confiance à ses tripes pour savoir ce qui est juste », plutôt que de compter sur le conseil de professionnels, l'analyse logique, l'évidence factuelle et l'expérience, pour tirer des conclusions. Naturellement, dans un tel environnement d'improvisation constante, tout est possible.
En particulier, on ne devrait pas écarter l'influence que la pensée religieuse et le mouvement politique de la droite religieuse ont sur les décisions de Bush. En effet, quelle a été l'influence de la droite religieuse sur la politique étrangère de l'administration Bush-Cheney, particulièrement pour le Moyen-Orient ? Par exemple, se pourrait-il que les croyances religieuses de Bush soient derrière son annonce du 30 janvier 2001, lors de sa première réunion du Conseil national de sécurité, que désormais la politique usaméricaine pencherait fortement en faveur d’Israël ? En outre, se pourrait-il que la raison pour que Bush II ait donné au gouvernement israélien d'Ehud Olmert un tel soutien inconditionnel et sans critique et un chèque en blanc total, pour réprimer les Palestiniens de Gaza et pour attaquer et bombarder le Liban, soit fondée sur le soutien de la droite religieuse à une telle politique ? George W. Bush écoute-t-il le télévangéliste Pat Robertson, quand ce fanatique aux yeux fous encourage Israël à détruire le Liban parce que « Les juifs sont le peuple élu de Dieu. Israël est une nation spéciale qui a une place particulière dans le cœur de Dieu. Il défendra cette nation » ?
Dans le passé, quelques chefs religieux, de la frange d’extrême droite, ont aussi débattu pour mêler un dangereux cocktail de religion et de politique. Certains d’entre eux n'hésitèrent pas à réclamer l'anéantissement nucléaire de l'Union Soviétique entière, parce qu'on pensait que c’était un empire communiste athée. Ceci démontre, si besoin est, que les armements sans moralité ou sans loi font l’anarchie et les désastres. En 1948, par exemple, un prédicateur évangéliste belliqueux et délirant du New Jersey, le Révérend Karl McIntire, est devenu célèbre quand il proposa dans une émission radio que les USA effectuent une attaque nucléaire « préventive » contre l'Union Soviétique. McIntire, un fondamentaliste religieux, fondateur de la Bible Presbyterian Church (Église presbytérienne biblique), fut persuadé qu'une hécatombe nucléaire mondiale était nécessaire pour « purifier » le monde des pays communistes. Il croyait qu'aucun pays ne devrait avoir un système différent de son propre modèle religieux, quel qu’en soit le coût. A cette époque, de telles personnes délirantes étaient rares et isolées.
De nos jours, les successeurs de McIntire sont les Falwell, les Robertson, les Hagee, etc. de ce monde. Ils sont beaucoup plus riches et plus puissants que par le passé, grâce à leur statut religieux exempt d'impôt et grâce à la libéralisation sous l’ère Reagan des règles régissant l'utilisation des médias comme outils de propagande à sens unique. En raison de cela, ils sont assidûment courtisés par les politiciens de l’extrême droite et sont reçus avec plaisir à la Maison Blanche, où ils trouvent une oreille complaisante.
Après avoir perdu l’outil du combat anticommuniste comme technique de collecte de fonds, la nouvelle droite chrétienne semble avoir trouvé une autre manière de soulever la crainte et les passions tout en se renflouant. Sa nouvelle croisade s’est dirigée contre le « faux dieu » du monde Islamique et est fanatiquement en faveur d’Israël, quoi qu'il fasse, et contre les Palestiniens et les pays musulmans du Moyen-Orient, quelles que soient leurs souffrances. Ils disent avoir la « mission » prophétisée dans la Bible de sauver Israël des Musulmans et pour proposer une nouvelle « croisade » énergique contre eux, n'hésitant pas dans ce but à appeler au déchaînement unilatéral de la puissance militaire US dans la région. Selon les mots apocalyptiques de John Hagee, l’un de leurs chefs les plus délirant, « Nous courons vers la fin des temps,… Israël est la seule nation créée par un acte souverain de Dieu, et Il a juré par Sa sainteté de défendre Jérusalem, Sa Ville Sainte. Si Dieu a créé et défend Israël, ces nations qui luttent contre lui combattent contre Dieu. »
Personne n’est plus féroce que celui qui tue avec un zèle religieux. C’est là où en est arrivé le monde à l’été 2006, un été qui peut ou non être une réplique de l'été 1914 ou de l'été 1939.
Dans les années 30, beaucoup de gens n’ont pas tenu compte des Allemands Nazis, ce qu’ils ont ensuite amèrement regretté. Ils pensaient que les Nazis étaient quelque peu extrémistes, mais qu'ils étaient aussi de bons Chrétiens, de bons conservateurs et de bons patriotes. Exactement comme les partisans de la droite religieuse aujourd'hui, Adolf Hitler déclara qu'il considérait le « Christianisme comme la fondation de notre moralité nationale, et la famille comme base de la vie nationale. » En fait, l’extrême droite en Allemagne se composait d’enragés militaristes pro-guerre, et ils étaient dangereux dès le début. Des dizaines de millions de gens sont morts à cause d’eux.
L'amalgame de la bigoterie belliqueuse et de la politique simpliste crée une menace que beaucoup n'ont pas entièrement réalisée. Ceux qui actuellement se délectent de la bigoterie politique de Bush et de son flirt avec ceux qui avancent des scénarios de fin du monde devraient se rendre compte que parfois, les idées folles peuvent mener aux politiques folles. Les gens devraient se préparer. Rien n’indique que les politiciens ineptes, ignorants, incompétents et affamés de pouvoir, ne puissent pas s'avérer être aussi des politiciens fous.
Note:
Armageddon (de l'hébreu: ?????, signifiant « montagne de Megiddo »), terme biblique admis sous différentes orthographes en français (Har-Maguédon, Harmaguédon, Har-Meguiddon ou encore Har-Maguédôn), est un lieu symbolique mentionné dans le Nouveau Testament.
Ce terme n'apparaît qu'une fois dans la Bible dans le livre de l'Apocalypse au chapitre 16, verset 16 et en parle comme d'un événement futur à venir. Le « rassemblement des rois de la Terre » annoncé en ce lieu est un résultat du déversement des sixième et septième bols contenant les dernières plaies qui mèneront à son terme « la fureur de Dieu » (chapitre 6 verset 12).
Il s'agit d'après le contexte d'un lieu symbolique du combat final entre le Bien et le Mal, d'où l'usage fréquent de ce mot pour désigner les éventuels événements de la fin des temps ou de catastrophes d'ampleur planétaire.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Armageddon
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