Par : Aline Robert | EURACTIV.fr
Mar 23, 2017
La Sala Regia, où le Pape doit recevoir les 27 chefs d'Etat de l'UE le 24 mars
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La déclaration commune pour les 60 ans du traité de Rome peine à mettre tout le monde d’accord. Son objectif est de « convaincre que l’UE est la bonne réponse », un objectif pour lequel il n’y pas « pas de potion magique » selon un diplomate.
Réunis à Rome pour les 60 ans du traité fondateur de l’UE, les 27 chefs d’État, sans le Royaume-Uni, doivent signer le 25 mars une déclaration commune. Un exercice d’équilibriste, dont les termes ont été soigneusement choisis : après un dernier conseil houleux, durant lequel la Pologne avait pris ses distances en refusant de s’associer aux conclusions, la solidarité du groupe que les pays fondateurs souhaitent mettre en avant après le Brexit semble bien fragile.
Une fierté fragile et beaucoup de défis
Le texte de la déclaration finale, qui sera publiée vendredi, réaffirme la fierté de ce qui a été réalisé depuis 60 ans. Non pas pour fanfaronner, mais « parce que personne ne le fera à notre place, et que 60 ans de paix et de prospérité sont une vraie source de fierté » assure une source française. Mais c’est bien sûr les défis que rencontre l’UE qui compliquent l’exercice.
À commencer par les aspirations divergentes de certains de ses membres.
« Nous affirmons qu’il faut répondre à ces défis de façon collective, ce qui n’empêche pas certains d’avancer plus, plus vite » souligne la source française, en insistant sur les précautions qui ont été prises pour que le texte final ne froisse pas la Pologne : pas question de mettre le terme de vitesse ou de coopération renforcée, ou tout autre terme trop technique. « Simplement on peut avoir un besoin de solidarité, et en même temps un besoin de respiration », assure un diplomate.
Le noyau dur de l’UE appelle à une nouvelle dynamique politique
Réunis à Versailles lundi 6 mars, Angela Merkel, François Hollande, Mariano Rajoy et Paolo Gentiloni ont chacun à leur façon tenté de relancer une dynamique politique autour de l’Europe.
Un vocabulaire choisi
Le vocabulaire mesuré et choisi devrait, selon la position française en tout cas, permettre à tout le monde de monter à bord en ratifiant le texte, même si l’Hexagone a insisté pour placer ses propres priorités : la défense, un sujet attendu par tout le monde, mais aussi l’Europe sociale, un sujet qui tient à cœur à la Grèce aussi, mais sur lequel la Pologne estime qu’il n’est pas du ressort de l’UE. « Il y a pourtant bien un modèle social européen, et il est important de la souligner », assure-t-on en France.
En filigrane, le texte tient aussi à réaffirmer des principes fondateurs de l’UE qui apparaitront comme une réaction directe au contexte transatlantique : des références au changement climatique, à la solidarité internationale notamment visent directement à renvoyer le nouveau président américain dans ses cordes.
Convaincre plutôt que réenchanter
La rencontre démarrera, vendredi soir, avec une rencontre avec le pape François, comme annoncé par Euractiv début mars.
Les dirigeants européens recherchent l'inspiration auprès du pape
Les chefs d’État européens rencontreront le Pape François le 24 mars à Rome, avant le sommet qui devrait donner à l’UE une nouvelle direction à l’UE post- Brexit.
Le chef de l’État français passera, sans transition, du Palais apostolique en fin de journée, à un dîner organisé par le Parti socialiste européen dans la soirée de vendredi. Le samedi, la cérémonie des 60 ans du traité de Rome proprement dite se déroulera au Capitole, avec des allocutions des présidents du Conseil européen, de la Commission, du Parlement européen, et du Premier ministre maltais qui occupe la présidence tournante du Conseil de l’UE.
Une cérémonie somme toute rapide, qui n’est pas forcément aussi ambitieuse qu’attendu, et qui ne vise pas à réenchanter l’Europe. « Croire à un réenchantement, c’est croire à la potion magique. Mais cette déclaration est là pour insuffler de l’espoir, manifester la détermination des 27 dans les principes européens. Et convaincre que l’UE est la bonne réponse » assure un diplomate.
Et il y a urgence. Alors que les chefs d’État européens seront rassemblés, à Rome, vendredi, la candidate favorite du premier tour de l’élection présidentielle française, Marine Le Pen, s’affichera dans le même temps, à Moscou avec des députés russes, pour des discussions que l’on peut envisager nettement moins europhiles.
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