Le pape François et Arturo Sosa, le supérieur général des jésuites, lors d'une rencontre au Vatican. - Observato Romano - AFP
Le diable n'est pas qu'une vue de l'esprit, pour le pape Français. Pour le nouveau supérieur général de l'ordre des jésuites, il ne s'agit au contraire que d'une figure symbolique inventée par les hommes.
Si Dieu existe, alors pourquoi pas le Mal? Pourquoi les guerres, pourquoi les génocides? Lorsque ces questions réapparaissent dans les débats internes à l'Eglise catholique, note Le Figaro, la controverse ne passe pas inaperçue. Surtout quand elle oppose le père Arturo Sosa, nouveau supérieur général des jésuites et le pape François, lui-même issu de cet ordre.
Dans une interview accordée le 31 mai au quotidien espagnol El Mundo, le prêtre vénézuélien ne voit en Satan qu'une figure symbolique.
"Nous, les chrétiens, nous croyons que nous sommes faits à l'image de Dieu, parce que Dieu est libre. (...) Nous avons créé des figures symboliques, comme le diable, pour exprimer le mal", affirme ainsi Arturo Sosa, le nouveau supérieur général de la Compagnie de Jésus.
Pour lui, l'idée du diable est la question du libre arbitre. "De mon point de vue, le mal fait partie du mystère de la liberté. Si l'être humain est libre, il peut choisir entre le bien et le mal. Nous, les chrétiens, nous croyons que nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu, parce que Dieu est libre, mais Dieu choisit toujours de faire le bien parce qu'il est toute bonté. Nous avons créé des figures symboliques, comme le diable, pour exprimer le mal", insiste Arturo Sosa.
Le pape sur une ligne radicalement différente
François, et l'opposition entre les deux est d'autant plus symboliquement importante qu'il est le premier pape jésuite de l'histoire, est d'un avis opposé. Elu en 2013, il lançait le 30 octobre 2014: "À cette génération, et tant d'autres, on a fait croire que le diable est un mythe, une image, une idée, l'idée du mal. Mais le diable existe et nous devons lutter contre lui. C'est ce que dit Saint-Paul, ce n'est pas moi qui le dis! La parole de Dieu le dit. Mais pourtant, nous n'en sommes pas vraiment convaincus."
La position papale semble plus conforme à la tradition jésuite, en référence au débat qui les opposa aux jansénistes sur la question de la grâce. Mais surtout le "pape noir" comme est traditionnellement nommé le chef des jésuites, est connu pour son engagement politique à gauche.