Publié par :
Houssen Moshinaly
Date: 16 juin 2015Heure :8:28
Le week-end dernier, The Sunday Times a lancé une bombe en
rapportant que des fichiers top secret emportés par Edward Snowden sont entre les mains des gouvernements chinois et russes. L’article prétendait que les agences de renseignement gouvernementales ont été forcées de lancer des opérations de sauvetage et une source du gouvernement britannique prétendait même que Snowden avait du sang sur les mains. Cela aurait pu être un scoop et une menace directe contre Snowden et les journalistes qui travaillent avec lui, mais l’article du Sunday Times a été démonté rapidement par d’autres journalistes. Il n’y a aucun fait qu’on peut vérifier et les sources du gouvernement sont prétendument anonymes.
Une notice DMCA à cause d’une image de la Une du Sunday TimesGlenn Greenwald, qui est très proche de Snowden, a contre-attaqué immédiatement dans
un long article sur The Intercept. On peut estimer que le point de vue de Greenwald est partial, mais la plupart de ses arguments tiennent la route.
CNN a interrogé le journaliste Tom Harper qui a écrit l’histoire et il a évité toutes les questions embarrassantes. Il ignorait où les documents ont pu être volés, si les gouvernements russes et chinois avaient effectivement mis la main dessus ou même si ces fichiers étaient chiffrés ou non. En fait, le mec ignorait tout de ce qu’il avait écrit dans son propre article. Il a juste déclaré que son article était la position officielle du gouvernement anglais ce qui signifie que c’est une propagande orchestrée.
Greenwald a traité cet article comme étant le pire du journalisme. Et les critiques de Greenwald ont attiré l’attention et le Sunday Times a été critiqué de toute part. Mais le média anglais a tenté de censurer l’article de Greenwald en lui envoyant une
notice DMCA en prétextant que l’article était illustré avec une image en faible résolution de la Une du Sunday Times. De ce fait, l’article viole le droit d’auteur du média anglais et qu’il mérite amplement la notice DMCA. Le site de Greenwald a publié la notice et
le journaliste a déclaré qu’il ne supprimerait pas cette photo qui montre la preuve que le Sunday Times a fait juste une propagande abjecte. Le problème est que l’image utilisée de la Une du Sunday Times utilisée par Greenwald ne possède pas la résolution nécessaire pour être lisible. Et Greenwald n’a pas reproduit tout l’article et il a utilisé le droit de citation (Fair use) d’un contenu.
Des erreurs trop fréquentes des médias de masse et de la presse de caniveau
Cette histoire qui fait une très mauvaise publicité au Sunday Times montre qu’on doit vérifier les faits au minimum avant de publier un prétendu scoop. L’argument qui a détruit l’article du Times est que le partenaire de Greenwald, David Miranda, aurait rendu visite à Snowden à Moscou, mais Miranda ne l’a jamais fait. Le
Sunday Times a supprimé le paragraphe en toute discrétion (cela signifie qu’il n’a pas averti ses lecteurs qu’il a supprimé le paragraphe), mais le paragraphe est évidemment présent dans la version en papier.
Les critiques ont pointé plusieurs incohérences dans l’article du Times incluant le fait que le reporter utilise les termes agents et officiers alors qu’ils ont des définitions très différentes dans le monde du renseignement anglais. Le Sunday Times ignore si les documents ont été volés à Snowden ou que ce dernier les a donnés volontairement à la Chine et la Russie. Ce qui est très con, car s’il les avait donnés, il les aurait déchiffrés au préalable. Et sur la citation que Snowden avait du sang sur les mains, la déclaration qui suit est qu’il n’y aucune preuve que quelqu’un ait été blessé. Mais l’histoire du Sunday Times n’est pas du journalisme, mais une propagande pour éviter une remise en question de la législation anti-terroriste de l’Angleterre. Quelques jours plus tôt,
un rapport a été écrit par David Anderson qui critique ouvertement les lois anti-terroristes de l’Angleterre. Anderson estime que le système actuel est anti-démocratique, inutile et qu’il est intolérable sur le long terme.
Personnellement, je ne suis pas étonné que le Sunday Times ait publié cette merde puisque c’est une presse de caniveau. Mais le pire est que tous les médias l’ont répété en boucle en utilisant le titre le plus sanglant possible. De CNN à Euronews en passant par tous les médias français. Cela montre que ces médias adorent détruire les personnes qui critiquent le système et qu’ils sont encore les serviteurs fidèles de la propagande gouvernementale.
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