C’est sur une note personnelle que Nicolas Sarkozy a entamé son grand meeting, ce dimanche 19 février, à Marseille, quatre jours après sa déclaration de candidature à la présidentielle. Devant une salle comble d’environ 7 000 personnes - beaucoup ont dû rester dehors, faute de places suffisantes - le chef de l’État français sortant a voulu rappeler ses origines étrangères. "Beaucoup dans ma famille venaient de loin", a-t-il
lancé avant de décliner son amour de la France, "des chansons, des musiques, des livres". Des villes aussi, de leur "façon d’aligner des maisons, de planter des arbres le long des routes".
Après cette entrée en matière aux accents bucoliques, il n’a pas fallu beaucoup de temps au président pour endosser les habits de candidat. Le discours est offensif, sans jamais nommer cependant son principal adversaire, le socialiste François Hollande. Celui qui se présente comme "le candidat du peuple de France et non d’une petite élite" fustige "ceux qui font comme si rien de grave ne s’était passé depuis trois ans dans le monde".
"Nous avons échappé à une catastrophe"
"Occulter la crise, ce n’est pas seulement malhonnête, c’est surtout dangereux, parce que l’on ne se défend pas contre des périls dont on nie l’existence", assène-t-il alors que la salle agite de nombreux drapeaux français. Au premier rang, l’épouse du chef de l’État, Carla Bruni-Sarkozy, est installée entre le Premier ministre, François Fillon, et le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, est aussi de la partie.
"Nous avons échappé à une catastrophe", a affirmé le président, se posant ainsi en protecteur des Français. Et de citer "ce qui est arrivé à l’ouvrier grec", au "retraité italien", au "chômeur espagnol" ou encore au "fonctionnaire portugais avec son traitement diminué de 25 %". Autant de situations à regarder de près, selon Nicolas Sarkozy, "si un Français en doute, s’il veut savoir à quoi nous avons échappé, ce qui aurait pu arriver à chacun si la France n’avait pas été assez forte".
Les 35 heures, la retraite à 60 ans, l’augmentation des impôts : sur tous ces thèmes, chers à la gauche socialiste, Nicolas Sarkozy a réaffirmé son "refus à ne pas sacrifier l’avenir au présent". "Aimer la France, c’est refuser d’aborder l’immigration par la seule posture idéologique", a-t-il aussi déclaré, avant de décocher une flèche encore plus précise à François Hollande, qui a déclaré, le 13 février, au quotidien britannique "The Guardian" être "libéral" : "Où est la vérité quand on ne dit pas la même chose selon l’interlocuteur auquel on s’adresse, quand on dit tout et son contraire lorsqu’on est d’un côté de la Manche ou de l’autre, quand on fait semblant d’être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris ?"
"Mieux vaut quelqu’un de caractériel que mou"
À ces mots, les militants applaudissent à tout rompre. Beaucoup soutenaient déjà le candidat en 2007. Sylvie, 44 ans apprécie toujours "l’homme solide, qui prend ses responsabilités et ne tergiverse pas". "Mieux vaut quelqu’un de caractériel que mu", tranche sa maman, 67 ans, venue avec elle depuis Gardanne (Bouches-du-Rhône).
Alexandre, 24 ans, arbore un tee-shirt de soutien aux couleurs du candidat Sarkozy, mais le cœur n’y est plus. Il y a cinq ans, cet informaticien collait les affiches, était de toutes les manifestations. Là, il ne fera plus une campagne aussi active. La loi Hadopi, qu’il qualifie de "censure internet", est notamment passée par là. "Je viens le soutenir car c’est le candidat naturel de l’UMP, déclare-t-il. Mais je fais partie des gens qui ont convaincu beaucoup de gens du FN [Front national, extrême droite] de voter pour Sarkozy en 2007. Et sur les questions d’identité nationale, il a tout cédé face aux associations".
Dans la foule des militants, Christian 38 ans, et Francis, 41 ans, venus de Montpellier (Héraut), ne sont pas des déçus. Cette entrée en campagne du candidat, ils l’attendaient avec impatience. "La France a tenu bon par rapport à la crise", se félicitent-ils. Président des jeunes UMP des Alpes-de-Haute-Provence, Sabri, 19 ans, attendait aussi ce "moment de convivialité". "Je suis issu de la diversité, j’ai des convictions, ce qui n’est pas le cas de tous les gens qui sont à l’UMP qui pensent que le parti est un club de riches", affirme-t-il. Regrettant le passé "bling-bling" du président, il dit adhérer "aux valeurs de droite", celles de la "méritocratie et de vérité dite". Quant au démarrage très droitier de la campagne de Nicolas Sarkozy, dont les observateurs ont dit qu’il cherchait les voix du FN, il ne se dit pas dupe. "Vous verrez au second tour, Henri Guaino [la plume de Nicolas Sarkozy] va lui faire des discours à la Léon Blum !"
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